Comment évaluer le risque de retrait-gonflement ?
L'évaluation du risque RGA repose sur trois piliers : la cartographie géologique du BRGM qui identifie la nature des sols, l'analyse climatique qui mesure l'exposition aux sécheresses, et l'étude géotechnique du terrain qui caractérise la sensibilité locale. Ces données croisées produisent un score de risque permettant d'anticiper la probabilité et l'intensité des mouvements du sol.
Concrètement, un diagnostic complet suit une méthodologie standardisée en plusieurs étapes :
- Consultation de la carte d'aléa BRGM : accessible sur le site Géorisques, elle fournit un premier niveau d'information à l'échelle parcellaire (faible, moyen, fort, très fort)
- Analyse de l'historique climatique local : fréquence des sécheresses, intensité des épisodes, tendances sur 20-30 ans (données Météo-France)
- Étude géotechnique in situ : sondages, prélèvements, essais de laboratoire pour déterminer la plasticité et le potentiel de gonflement du sol
- Examen du bâti : type de fondations, présence de fissures, distance aux arbres, drainage périphérique
- Synthèse et recommandations : rapport détaillé avec score de risque et préconisations adaptées

Selon le Cerema, un diagnostic RGA bien mené permet de réduire de 70% le risque de sinistralité en orientant vers des solutions préventives ou correctives adaptées au contexte.
Depuis le 1er janvier 2020, une étude géotechnique préalable (étude G1) est obligatoire avant toute vente de terrain constructible situé en zone d'aléa moyen ou fort (loi ELAN, article 68). Cette obligation vise à informer l'acquéreur et à prévenir les désordres.
Quelles données utilisent les diagnostics RGA ?
Les diagnostics RGA s'appuient sur trois catégories de données : géologiques (cartes BRGM, nature des argiles, épaisseur des formations), climatiques (historique des sécheresses, indices d'humidité des sols SWI, projections climatiques), et géotechniques (essais de plasticité, limites d'Atterberg, indice de gonflement, teneur en eau). Ces informations sont croisées via des modèles hydrogéotechniques pour produire une évaluation fiable.
Données géologiques
Le BRGM met à disposition plusieurs sources d'information :
- •Carte d'aléa retrait-gonflement : élaborée à partir de 50 000 sondages et de cartes géologiques au 1/50 000, elle classe le territoire en quatre niveaux de risque
- •Cartes lithologiques : identification des types d'argile (smectites, illites, kaolinites) et de leur répartition spatiale
- •Banque de données du sous-sol (BSS) : plus de 800 000 forages référencés, accessibles en ligne pour connaître la stratigraphie locale
Données climatiques
Météo-France et l'INRAE fournissent des indicateurs clés :
- •Indice d'humidité des sols (SWI) : mesure satellite de la teneur en eau superficielle, actualisée quotidiennement
- •Historique des sécheresses : événements de catégorie Cat-Nat (catastrophes naturelles) depuis 1989
- •Évapotranspiration potentielle (ETP) : bilan hydrique climatique par station météorologique
Données géotechniques
Les essais de laboratoire normalisés incluent :
- •Limites d'Atterberg (NF P94-051) : déterminent la plasticité du sol (limite de liquidité LL, limite de plasticité LP, indice de plasticité IP)
- •Essai de gonflement libre : mesure l'amplitude de variation volumétrique lors de la saturation en eau
- •Valeur de bleu de méthylène (VBS) : quantifie l'activité de l'argile et son potentiel de gonflement
- •Analyse granulométrique et minéralogique : fraction argileuse, identification des minéraux par diffraction RX
TerraStab a développé un modèle hydrogéotechnique issu de travaux de recherche qui intègre ces trois blocs de données pour produire un score de risque personnalisé. Ce modèle prend en compte la cinétique hydrique du sol, l'historique climatique local et les spécificités du bâti pour anticiper les mouvements futurs.
Comment interpréter son score de risque ?
Le score de risque RGA se présente généralement sous forme de quatre niveaux (faible, moyen, fort, très fort) ou d'une échelle numérique. Un risque faible signifie que les mouvements prévisibles restent inférieurs à 1 cm et ne nécessitent qu'une surveillance. Un risque fort ou très fort implique des mouvements potentiels supérieurs à 3 cm, justifiant des mesures de prévention ou de stabilisation. L'interprétation doit toujours être contextualisée selon l'état du bâti et les projets envisagés.
| Niveau de risque | Mouvement prévisible | Recommandations |
|---|---|---|
| Faible | < 1 cm | Surveillance régulière, respect des règles de construction classiques (DTU 13.1) |
| Moyen | 1 à 2 cm | Fondations renforcées, drainage périphérique, gestion de la végétation |
| Fort | 2 à 4 cm | Fondations profondes ou semi-profondes, chaînages renforcés, ou stabilisation hydrique du sol |
| Très fort | > 4 cm | Solutions de stabilisation active (régulation hydrique, micropieux), surveillance continue |
En pratique, plusieurs facteurs modulent l'interprétation du score :
- •Type de construction : une maison récente aux normes parasismiques sera plus résiliente qu'un bâti ancien à fondations superficielles
- •Végétation environnante : la présence d'arbres à fort développement racinaire peut aggraver le risque de 1 à 2 niveaux
- •Historique de sinistres : un terrain ayant déjà subi des désordres présente une probabilité de récidive élevée
- •Projets d'extension ou de rénovation : toute modification du bâti doit intégrer les contraintes liées au RGA
Un score de risque n'est pas figé. L'évolution climatique, la modification de la végétation, ou des travaux d'aménagement peuvent faire évoluer le niveau d'exposition. Il est recommandé de réévaluer le risque tous les 5 à 10 ans, en particulier après un épisode de sécheresse exceptionnelle.
Quand réaliser un diagnostic RGA ?
Un diagnostic RGA est recommandé dans plusieurs situations : avant l'achat d'un terrain ou d'une maison en zone d'aléa moyen à fort, en présence de fissures évolutives, avant des travaux d'extension ou de surélévation, ou dans le cadre d'une demande d'indemnisation auprès de l'assurance. Il constitue un document de référence pour orienter les choix constructifs ou correctifs.
Les moments clés pour réaliser un diagnostic incluent :
- Avant achat : vérifier l'exposition du terrain et anticiper les coûts de construction ou de mise en conformité
- En cas de fissures : établir un état des lieux objectif et identifier la cause (RGA, tassement, défaut de construction)
- Avant travaux : s'assurer que l'extension ou la rénovation ne fragilisera pas le bâti existant
- Pour une déclaration Cat-Nat : documenter les dommages et leur lien avec un événement de sécheresse reconnu
- Après un épisode de sécheresse exceptionnel : évaluer l'évolution du risque et anticiper les cycles futurs
Selon une étude de l'AQC (Agence Qualité Construction), 85% des propriétaires ayant réalisé un diagnostic avant construction en zone à risque ont évité des sinistres coûteux, contre seulement 40% pour ceux ayant construit sans étude préalable.
Solutions adaptées selon le score de risque : place de l'hydrostabilisation
Le diagnostic RGA permet d'orienter vers la solution la plus adaptée au contexte. Depuis 2015, l'hydrostabilisation s'est ajoutée au panel des réponses possibles, offrant une alternative aux micropieux pour les zones d'aléa moyen à fort avec des désordres en phase précoce. Le choix dépend du score de risque, de l'état du bâti, et du budget disponible.
Tableau d'orientation selon le score de risque :
| Score de risque | État du bâti | Solutions envisageables |
|---|---|---|
| Faible | Aucun désordre | Surveillance, prévention (végétation, drainage) |
| Moyen | Fissures fines (< 2 mm) | Hydrostabilisation, drainage renforcé, surveillance active |
| Fort | Fissures actives (2-5 mm) | Hydrostabilisation (si fondations superficielles), pieux vissés, micropieux localisés |
| Très fort | Lézardes, affaissements | Micropieux, reprise en sous-œuvre, approche combinée |
L'hydrostabilisation développée par TerraStab, issue des travaux du BRGM, est particulièrement efficace pour les habitations situées en zones d'aléa moyen à fort, notamment lorsque les fondations sont superficielles. Elle consiste à stabiliser l'humidité du sol grâce à un réseau de capteurs connectés et un système d'irrigation automatisé, permettant de réduire jusqu'à 85–90 % les mouvements d'argile. Son coût maîtrisé (1 000 à 8 000 €) et son caractère non invasif en font une alternative pertinente aux travaux lourds de reprise en sous-œuvre.
Cependant, la solution TerraStab ne s'adresse pas uniquement aux cas les plus critiques. Même en aléa faible, ou lorsque le diagnostic est incertain, un monitoring autonome des sols peut fournir une information précieuse pour anticiper l'apparition de fissures. Et pour les situations les plus à risque, une installation complète peut devenir la réponse la plus adaptée.
Pour les scores très forts ou les bâtis très dégradés, les micropieux restent souvent nécessaires. Dans certains cas, une approche combinée peut être envisagée : micropieux localisés sur les angles critiques + hydrostabilisation globale pour prévenir l'extension des désordres.
Questions fréquentes
Le diagnostic est-il obligatoire ?
Depuis janvier 2020, une étude géotechnique préalable (G1) est obligatoire pour toute vente de terrain constructible en zone d'aléa moyen ou fort. Pour les constructions existantes, le diagnostic n'est pas obligatoire mais fortement recommandé en cas de fissures ou de projet de travaux.
Consulter la réglementation ELANPuis-je le faire moi-même ?
Vous pouvez consulter gratuitement la carte d'aléa BRGM sur Géorisques pour obtenir un premier niveau d'information. Cependant, un diagnostic complet nécessite des compétences en géotechnique (sondages, essais de laboratoire, interprétation) et doit être réalisé par un bureau d'études qualifié. Un auto-diagnostic peut sous-estimer le risque réel.
Les cartes BRGM sont-elles fiables partout ?
Les cartes d'aléa du BRGM sont établies à l'échelle nationale avec une précision au 1/50 000. Elles constituent une excellente base d'évaluation, mais présentent des limites en zones de transition géologique ou pour des terrains de petite taille. Une étude géotechnique in situ apporte une précision supérieure et adaptée au contexte local.
Combien coûte un diagnostic RGA ?
Le coût varie selon l'étendue de l'étude : une étude G1 préalable coûte entre 800 et 1 500 €, une étude G2 de conception (avec sondages approfondis) entre 2 000 et 5 000 €. Ces montants sont à mettre en perspective avec les coûts de réparation de désordres RGA, qui atteignent en moyenne 15 000 à 50 000 € par sinistre.
Le diagnostic garantit-il l'absence de problèmes futurs ?
Non. Un diagnostic évalue un risque probabiliste à un instant donné, en fonction des données disponibles. Le changement climatique, l'évolution de la végétation ou des modifications du terrain peuvent faire évoluer ce risque. Cependant, un diagnostic bien mené permet d'orienter vers des solutions préventives qui réduisent considérablement la probabilité de sinistre.
Découvrir les solutions adaptées selon votre scoreEn résumé
Le diagnostic RGA est un outil d'aide à la décision qui combine géologie, climat et analyse du bâti pour produire une évaluation fiable du risque. Que ce soit avant un achat, en présence de fissures, ou avant des travaux, il permet d'anticiper et d'orienter vers des solutions adaptées. Les données du BRGM, de Météo-France et les essais géotechniques forment un socle scientifique solide pour comprendre et maîtriser le retrait-gonflement des argiles.
Prêt à évaluer votre risque RGA ?
Recevez un diagnostic personnalisé en quelques minutes.
Références
[1] BRGM (2023). Carte d'aléa retrait-gonflement des sols argileux. Géorisques. https://www.georisques.gouv.fr
[4] Cerema (2019). Mieux prévenir le risque de RGA. Collection Références. https://www.cerema.fr
[5] Loi ELAN (2018). Article 68 – Étude géotechnique préalable en zone d'aléa moyen ou fort. Légifrance. https://www.ecologie.gouv.fr
[6] AFNOR (2018). NF P94-051 : Détermination des limites d'Atterberg. Norme française de géotechnique. https://www.afnor.org


